Historique

La genèse

En 1868, Monsieur Bouché, professeur de musique fondait dans notre canton la fanfare "L’UNION". Il la dirigea avec beaucoup de compétence. Le siège social, où avaient lieu les répétitions, était au 1er étage du célèbre "Bal Français", rue Fléchambault où plusieurs générations se succédèrent.

Le président de la fanfare était un enfant du canton, le pittoresque Achille Laviarde, gentilhomme boulevardier, plein d’humour, joyeux drille qui fut connu sous le nom d’Achille 1er, roi d’Araucadie et de Patagonie(!)

Deux ans plus tard, la guerre de 1870 dispersait les membres de cette société qui, à la suite du décès de son directeur, fut reconstituée en 1877 ; Alfred Bombaron, professeur de musique, proposa à Georges Jantzy d’en regrouper les membres. Ce qui fut réalisé. Les répétitions avaient lieu chez Caurette, 11 rue des Moulins.

Georges Jantzy est né à Sainte-Marie-Aux-Mines le 30 novembre 1850. Sa famille vint se fixer à Reims en juin 1863. En 1867, il entre comme bugle à la Musique Municipale dirigée par Gustave Bazin. Le 15 août 1870, il s’engage pour la durée de la guerre et reste incorporé jusqu’en 1875. De 1877 à 1879, il était le sous-directeur avant de devenir directeur.

Sitôt formée, la fanfare était sollicitée pour devenir la section musicale de la société de gymnastique "La Fraternelle", dont le Docteur Décès était le distingué président. C’est avec le titre de "Fanfare de la Fraternelle" qu’elle participa au concours de Fismes sous la direction de Georges Jantzy, suite à la démission de M Bombaron : elle gagna deux premiers prix. Son effectif était alors constitué de 27 exécutants.

En 1880, la fanfare fut dissoute suite à une discorde au sein de la société de gymnastique.

Création de l’Harmonie du 3ème Canton

Quelques mois passèrent. Dans le courant du mois de Janvier 1881, Georges Jantzy, Emile Godret dit Bazières et Jacob Heitz, premier président, créèrent la ’Fanfare du 3ème Canton". De 20 exécutants au début, l’effectif arriva rapidement à 37 membres.

La formation conserva cette dénomination jusqu’en 1913 : année au cours de laquelle un legs généreux de Victor Lambert lui permit de se constituer en Harmonie

Georges Jantzy ne quitta jamais l’harmonie jusqu’à sa mort en 1937. Il en fut le sous-directeur de 1877 à 1879, puis le directeur jusqu’au milieu des années 30. Les sous-chefs qui se succédèrent furent :

  • Clovis Aubert de 1881 à 1885,
  • Charles Joly de Brésillon de 1885 à 1895,
  • Gaëtan Perterson de 1895 à 1913,
  • Félix Augé de 1913 à 1914,
  • Emille Carré de 1920 à 1925.

Les premières répétitions eurent lieu au "Café du Nord", rue Gambetta puis dans les locaux de l’école de la rue Simon. Charles Benoist devint Président, assisté d’Emile Godret dit Bazières. Le président d’honneur était le Marquis de Polignac, mécène rémois. Puis vinrent les temps de Messieurs Champion, Vizet, Docteur Camus, Petit, Rabat, Godfin et Gatterman.

Plusieurs concours ont mis la Fanfare puis l’Harmonie du 3ème Canton à l’honneur :

  • Fismes : deux 1er prix en 1879 (Fanfare l’Union)
  • Château-Thierry : 1er et 2ème prix en 1882,
  • Epernay : deux 1er et un 2ème prix en 1884,
  • Nancy : trois 1er prix et 1 prix ascendant en 1885,
  • Ham : trois 1er prix en 1890,
  • Paris-Montrouge : en 1895,
  • Soissons : 1er prix & 2ème prix d’honneur ascendant en 1896,
  • Bolbec : trois 1er prix en 1900.

Au concours d’honneur, elle fut classée en 1ère division, 1ère section. A partir de 1900, elle cessa de concourir. Cela n’empêchait pas que ses sorties promenades étaient appréciées et réussies.

Puis ce fut la 1ère guerre mondiale. L’Harmonie se dispersa et perdit plusieurs de ses membres.

On se souvient encore de l’ouragan de fer et de feu qui s’est abattu sur Reims, ville martyre.

Fin 1918 et début 1919, d’abord découragés puis se ressaisissant, quelques membres firent revivre rapidement l’Harmonie. Malgré la torpeur et l’abattement des habitants qui éprouvaient les mêmes sentiments qu’eux, la société de Musique qui comptait désormais 35 exécutants contribua beaucoup à redonner du baume aux cœurs. Elle fut la 1ère société de Musique reconstituée grâce à l’impulsion de Georges Jantzy.

Dans les annales historiques de la ville : il fut organisé un défilé le 21 décembre 1919, parcourant les ruines de la rue du Barbâtre, faisant sortir hommes femmes enfants des caves, jusqu’au kiosque du square Victor Hugo (plus tard square Jantzy, Victor Hugo a encore un boulevard) où fut donnée une sérénade. Il y avait encore des tranchées et des barbelés aux alentours. Ce fut comme un défi à l’amas de pierres et de gravats, comme un ordre donné aux maisons et aux immeubles de se relever sans délai.

La marche ascendante de l’Harmonie reprenait de plus belle : dès 1924, elle comptait 60 exécutants et les sorties-promenades étaient rétablies.

Monsieur Jantzy a consacré 67 années de sa vie au service de l’art musical. Il a dirigé également la fanfare la Vigneronne de Verzenay de 1893 à 1913. Il s’est révélé compositeur et a composé plusieurs morceaux pour ses sociétés tels que : "Souvenir de Bresse" (polka originale), "la Champenoise" (chant rustique), une "marche solennelle" majestueuse, des pas redoublés...

En 1932, Georges Jantzy (entre autres distinctions) ne vola pas sa Légion d’Honneur. Entré en 1884 au service de l’Hôtel de Ville, il parvint au grade de Chef de Bureau des Contributions. Retraité en mars 1915, il a apporté sa contribution en 1919 à la reconstitution des archives de son ancien service. Georges Jantzy a un square qui porte son nom depuis 1938. On avait proposé de débaptiser la rue d’Oseille qui a failli s’appeler rue Georges Jantzy, mais cela n’a pas pu être ainsi pour des raisons historiques (ancien lieu-dit ’’Champ d’oseille’’ trop important).

1935 pour le blog

Après le décès de Georges Jantzy, son fils Henri Jantzy a dirigé l’Harmonie durant 20 ans (il habitait 26, rue Chabaud à l’angle de la rue Libergier). Quelques concerts ont été donnés, malgré tout, de 1939 à 1945. L’Harmonie a participé au défilé de la Libération en août 1944.

Puis elle fut confiée aux baguettes successives de Messieurs Baumard, Laforge, Dastros, Isselin, Biancolini. Marcel Lenoir a été directeur de 1973 à 1983. L’intérim a été assuré, ensuite par Jacques Vezet (Il était hautboïste solo, professeur, archiviste de l’Harmonie) jusqu’en 1986.

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L’ Harmonie du 3ème canton a été dirigée par le dynamique et jovial Francis Tremlet jusqu’en mai 2015. Trente années durant lesquelles la renommée et la popularité de l’H3C se sont accrues, gagnant un public toujours enchanté de la bonne humeur communicative. Trente années glorieuses, peut-on dire, avec pour devise ’’travailler sérieusement sans se prendre au sérieux’’.

Les présidents actifs furent Messieurs Petit, Zoller, Delvaux et Bigotte (dont beaucoup se souviennent puisqu’il a été Président de la Fédération Musicale Champagne et Meuse).

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H3C 1990

De 1984 jusqu’à début juillet 2015, Guy Lévy (excellent clarinettiste) a été notre Président actif. Il a accompli un travail remarquable, notamment en rédigeant des fiches servant à présenter les œuvres de notre répertoire, désormais riche en kilomètres de musique. Guy Lévy a bien mérité son titre de Président d’honneur. Jean-Marie Beaupuy, qui a été longtemps Conseiller Général du 3ème canton, a aussi le titre de Président d’honneur en reconnaissance de son aide précieuse à l’organisation de nos Concerts annuels au Conservatoire à Rayonnement Régional de Reims
L’Harmonie invite d’autres groupes ou formations à se produire lors de ses concerts annuels

Un moment, elle a même créé en son sein un ensemble de cuivres, un quatuor de saxophones et un petit orchestre champêtre qui a pu animer les mariages ou les maisons de retraite.

L’Harmonie a donné tous les débuts juin des concerts sur la place d’Erlon, ainsi qu’un concert d’automne annuel, toujours apprécié à Tinqueux. Elle a participé aux Musiques du dimanche à Châlons-en-Champagne (ici la vidéo), a été l’invitée d’honneur à un Festival de Musique à Mardeuil, a participé à un concert à la salle des fêtes d’Epernay.

L’Harmonie a l’habitude de fêter Sainte Cécile fin novembre : elle apporte sa contribution musicale à une messe dominicale dans la Basilique St-Rémi.

Elle participe aux Flâneries Musicales, dans différents lieux : sur l’esplanade Fléchambault, sur la scène de la place du Forum, dans le parc jouxtant la Basilique St-Rémi... et dernièrement à l’Hippodrome de Reims.

Il faut noter une évolution considérable à notre époque : depuis 40 ans environ les harmonies et fanfares comptent des musiciennes, la mixité est donc récente. Tant mieux !

En juin 1997, l’Harmonie a fait un voyage mémorable à Châteauvieux en Touraine : le cadre était propice à un état de grâce. Son ancien Directeur adjoint le regretté Maurice Goethals, un gars du Nord venu s’installer dans le village des Mesneux (Les), excellent trompettiste, a été Chef de Musique de l’Harmonie de Lille-Ronchin. Maurice a contribué à notre déplacement dans le Nord. Il a pu rediriger l’Harmonie de Ronchin pour un morceau.

D’autres musiciens nous ont quitté au cours de ces années : André Balavoine (trompettiste), Jean Balay (notre guitariste basse), Jean-Pierre Namur (notre ancien trésorier, jovial clarinettiste), Roger Berriot (corniste et formateur), Jean Pommier (excellent clarinettiste, déjà membre de l’Harmonie Municipale en 1946 dirigée par Monsieur Félicien Forêt), Joëlle Bouvet (Flûtiste toujours souriante), Didier Denis (percussionniste)...

Le fils de Roger, Alain Berriot a été notre directeur-adjoint, assurant la relève suite au décès de Maurice Goethals. Il a apporté de l’innovation : des solistes violoncelliste, violoniste, joueur de guitare électrique, pianiste, chanteuse soprano. Lors des concerts annuels, début 2015, un accordéoniste a été soliste pour Paris-Montmartre (un morceau qui évoque la Butte).

Le 29 mai 2011 (année de son 130ème anniversaire), l’Harmonie a participé aux cérémonies du 800ème anniversaire de la Cathédrale de Reims, en donnant devant un millier d’auditeurs un concert exceptionnel, à travers de compositions relatant l’Histoire de l’édifice. La même année, un autre concert exceptionnel a été organisé dans la basilique St-Rémi, la Marche Solennelle de Georges Jantzy en conclusion.

Le 31 mai 2012 à l’occasion de la rencontre internationale de football France Serbie au Stade Auguste Delaune à Reims, l’Harmonie du 3ème Canton a eu l’occasion d’interpréter les hymnes d’avant match.

Le 30 avril 2013, l’Harmonie s’est produite à nouveau dans la Cathédrale, devant 500 auditeurs, pour contribuer à la collecte des fonds pour la restauration de la Grande Rosace (notamment). Un programme concocté par Alain Berriot.

Guy Lévy, avec un certain optimiste, a promis que l’Harmonie sera encore disponible pour le millénaire de la Cathédrale !

Autres concerts exceptionnels : le samedi 12 avril 2014 à l’Opéra de Reims, avec un programme encore concocté par Alain Berriot, pour fêter le bicentenaire de la bataille de Reims (l’une des dernières de Napoléon 1er), puis le 31 mai 2014 pour le bicentenaire de la bataille de Marchais/Montmirail.

L’Harmonie est à un tournant de son Histoire après la démission de Francis Tremlet en mai 2015. Dominique Fitrzyk (trompettiste) assisté par Guillaume Alemany (notre cornet à pistons soliste) et Christophe Le Yaouang (corniste soliste) assurent la relève.
D’emblée, un beau concert a été donné en mai 2015 dans la belle église de Cormicy.

Lundi 6 juillet 2015, une Assemblée Générale extraordinaire a élu et renouvelé un nouveau Conseil d’Administration. Christophe Possémé a été élu Président de l’Harmonie. 5 ans après Adeline Hans est la 1ère femme à prendre la présidence de notre harmonie.

Nous pouvons jurer que de belles pages de l’H3C seront encore écrites à l’avenir. L’Histoire de la dernière Harmonie de canton de Reims continue….

En été 2018, pour des raisons professionnelles Christophe Le Yaouang nous a quittés pour voler vers d’autres horizons.
Dominique Fitrzyk et Guillaume Alemany poursuivent la direction de l’harmonie.

Les répétitions se déroulent dans l’annexe du Conservatoire à Rayonnement Régional de Reims, tous les lundis soir, où nous disposons également d’un local d’archives dans lequel les étagères sont encombrées de partitions bien sûr, mais aussi par de nombreux trophées gagnés par l’H3C.

Rédaction Jean-Marc Devavry - mise à jour Chantal Georget